Dans la peau de Marie-Laurence Cattoire ! |
Plus on pratique la méditation, plus il est difficile de faire abstraction de soi ! Quand nous sommes sans arrêt occupés par le travail, les distractions, le bruit, nous pouvons oublier qui nous sommes, nous pouvons même oublier que nous existons !
En revanche les moments d’ennui, de rupture dans notre rythme quotidien nous remettent face à nous-même et alors, il faut bien commencer à se regarder… à faire connaissance avec soi-même… C’est pourquoi les instants de solitude peuvent être si précieux.
« La solitude est ce rassemblement sur ce que chacun a de plus unique. Grâce à lui, je peux aller vers une vraie rencontre avec autrui. Sans ce rassemblement, on est dans un rapport où personne n’est soi – où personne n’est jamais personne. » écrit le philosophe Hadrien France-Lanord, dans son ouvrage S’ouvrir en l’amitié.
Mais lorsque nous commençons à porter attention à qui nous sommes, au premier abord il n’est pas certain que nous aimions tout ce que nous découvrons (c’est du reste pour cela que nous fuyons si souvent dans l’activisme). Plus nous faisons attention à comment nous sommes, comment nous agissons ou comment nous parlons, plus nous découvrons nos limites, nos réflexes, nos conditionnements, nos habitudes, nos petites manières... Et il se pourrait bien qu’au départ nous soyons mal à l’aise avec ces découvertes.
Je me souviens lors d’un des premiers séminaires de méditation auxquels je participais j’avais posé la question suivante : « Qu’est-ce qu’un être éveillé ? Qu’est-ce qu’un maître ? » et l'enseignant avait répondu : « C’est quelqu’un qui assume entièrement ce qu’il est ! ».
Cette réponse m’avait vraiment percutée. Comprendre profondément la voie spirituelle c’est cesser d’avoir honte de soi-même ! Etre dans un rapport d’authenticité, voilà ce que le chemin de la méditation nous demande : d’être nous, simplement et entièrement nous.
Mais se connaitre veut-il dire figer une identité fixe ? Délimiter nos contours une fois pour toutes ?
« Dans la peau de Marie-Laurence Cattoire ! » Je suis comme ci ou comme ça, et puis les chiens ne font pas de chats, je suis comme ma mère, je suis le portrait craché de mon père, on ne change jamais… Toutes ces terribles petites phrases nous enferment et prétendent régler le problème de l’identité sans travailler…
La méditation nous invite elle à nous familiariser de manière fine et précise avec notre manière d’être au monde, à savoir notre manière de répondre aux situations, aux autres. Peu à peu, la méditation nous apprend à nous libérer de ce qui, au fond, n’a rien à voir avec nous – c’est une première étape réjouissante. Par exemple avant de méditer je pensais être radin et matérialiste (tout simplement parce que j’ai un rapport réel à l’argent) et que je n’avais aucune relation à la dimension spirituelle (car j’opposais le concret et le spirituel). Cela me donnait une image pauvre et étriquée de moi.
La méditation nous apprend aussi à apprécier nos particularités, nos qualités… et aussi nos défauts qui ne sont qu’un autre visage de nos qualités.
« Quand vous êtes vous, tout respire. Or on lutte en permanence parce que on n’ose pas être soi. »
nous dit Fabrice Midal.
La méditation nous invite ainsi à développer de la bienveillance envers nous-mêmes, à apprécier enfin notre humanité si fragile, si vulnérable, si chantante aussi, avec toutes ses nuances, ses tonalités, ses variations.
Note : "Où que j’aille, c'est moi que je rencontre." cette citation est attribuée à Tôzan (807-869) qui est le co-fondateur, avec son disciple Sozan, de l’école Zen Soto. Il était connu pour son indépendance d’esprit et pour ne rien admettre pour vrai qu’il n’ait personnellement et intimement vérifié.