lundi 30 novembre 2015

La méditation au Théâtre du Châtelet

Témoigner devant 2000 personnes
au Théâtre du Châtelet. Photo ©Claire Cocano
Le 11 novembre 2015 s'est déroulée une journée consacrée à la méditation dans un des plus prestigieux théâtres parisiens, celui du Châtelet. Baptisée "Méditation 2015", cet événement co-organisé par le magazine La Vie et l'association Ecole occidentale de méditation, regroupait les plus grands noms de cette pratique ancestrale et qui interpelle tant notre monde aujourd'hui ; le psychiatre Christophe André, le moine bouddhiste Matthieu Ricard ou le philosophe Fabrice Midal étaient invités aux côtés des chrétiens Jean-Marie Gueullette ou Sheelah Trefle. 
La rédactrice en chef de La Vie Elisabeth Marshall m'a également demandé d'intervenir. Elle souhaitait avoir le témoignage de femmes et d'hommes qui, malgré des emplois du temps bien remplis, réussissent à ancrer la méditation dans leur quotidien.
Ce fût pour moi une belle surprise et une grande joie. Celle d'avoir le privilège de parler devant 2000 personnes, dans une salle mythique où j'ai vu jouer les merveilleuses mises en scène de Robert Wilson, où j'ai découvert le théâtre Kabuki japonais ou encore la Dame aux Camélias… 
En fin de journée, les remerciements et les témoignages amicaux que j'ai reçus m'ont confortée dans l'idée que présenter simplement mon expérience, comme je l'ai fait dans mes deux premiers livres, pouvait être réellement aidant.

Voici quelques extraits de cette intervention :

"Je suis très heureuse de pouvoir témoigner aujourd’hui de ma rencontre avec la méditation. Comment quelqu’un d’ordinaire, avec une vie normale d’occidental, sans prétention spirituelle particulière, peut tomber profondément amoureux de la méditation ? 
J’ai découvert la méditation il y a un peu plus de 10 ans. 
J’étais fatiguée de mon rythme effréné, de toutes les responsabilités que je m’imposais et surtout des différents rôles sociaux que je croyais devoir tenir. Je sentais que, même si de l’extérieur tout semblait aller pour le mieux – trois beaux enfants, une entreprise qui « roulait », un gentil mari…- à l’intérieur rien n’était unifié, j’étais une inconnue pour moi-même, il manquait un sens d’harmonie, comme un centre, un axe… qui me permette de trouver une direction. 
Je me suis inscrite à un stage de méditation, enseigné par Fabrice Midal, et dès les premières heures de méditation j’ai compris qu’il y aurait un AVANT et un APRÈS. 
Pour la première fois de ma vie, je sentais que j’avais le droit d’être, même pas être quelqu’un ni même être moi, mais juste être, avoir ma place sur cette terre, sans me justifier, sans rien faire, sans demander l’autorisation à qui que ce soit et sans chercher à m’améliorer non plus.
J’ai compris alors que cette pratique prendrait une place centrale dans ma vie et j’ai commencé à me demander comment faire ? Comment trouver assez de temps pour méditer ? Comment trouver l’espace pour méditer ?
Première chose que j’ai faite en rentrant à la maison c’est de me lever 20 mn plus tôt. Cela peut paraître tout simple mais c’est ce qui m’a permis de pratiquer quotidiennement. Nos trois enfants étaient alors très jeunes et je pouvais me lever avant eux, méditer pendant que la maisonnée était encore endormie. 
Ensuite quand ils sont devenus adolescents c’est plutôt après leur départ au collège ou au lycée, et avant de commencer ma journée professionnelle, que j’ai mis en place un temps pour méditer. 
Donc trouver le bon moment dans la journée, et s’y tenir en respectant le temps de pratique que l’on a décidé (10, 20, 30 minutes) est sûrement la première chose à faire. 
La deuxième chose est d’aménager clairement un espace pour méditer chez soi. 
Dans sa chambre si l’on médite au lever, dans le salon où la pièce à vivre, un coussin ou une chaise, une image que l’on aime bien, un bâton d’encens ou une bougie peuvent suffire à nous inspirer et nous connecter à l’esprit de la pratique. 
Mais, si je puis me permettre un petit conseil, ne cherchez pas à vous isoler à tout prix. Cela ne fera qu’entraver votre pratique et mettre mal à l’aise ceux avec qui vous vivez. Finalement vouloir s’isoler ou vouloir le calme absolument, cela crispe tout le monde ! Il me semble important notamment de ne pas exiger le silence parce que « maman ou papa  médite », cela va, pour moi, à l’inverse du sens de la méditation…" 
En coulisses, très bien entourée par
Christophe André et Fabrice Midal.
Photo ©Elodie Laleuf
"...Une fois que notre pratique quotidienne est bien installée, on s’aperçoit que l’on peut aussi méditer quelques minutes dans bien des endroits et en toute discrétion : il m’arrive de méditer dans la salle d’attente du médecin ou du dentiste, plutôt que de lire des magazines périmés, dans le hall d’accueil d’une entreprise avant une réunion de travail, dans le train lors de mes déplacements professionnels j’ai toujours des instructions de méditations enregistrées sur mon smartphone que j’écoute au casque, dans un jardin public. Nous pouvons ainsi prendre l’habitude, plusieurs fois dans la journée, de revenir à notre corps au lieu de nous sentir perdu, de revenir à notre souffle, de porter une légère attention à notre respiration pour nous synchroniser au monde…."
"… Si la méditation a changé ma vie et continue de changer ma vie chaque jour un peu plus, ce n’est jamais comme je l’imaginais, cela ne prend pas les chemins que je croyais. Méditer est un remarquable geste de confiance. Il faut faire confiance à la pratique. Et pour lui faire confiance, pour qu’elle devienne quasiment une seconde nature – ou plutôt devrais-je dire qu’elle nous ramène à notre vraie nature ! – il faut la pratiquer, tout simplement. 
Rien d’intellectuel, rien d’ésotérique, rien d’inaccessible, juste s’asseoir et laisser œuvrer en nous la méditation."